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DAVID GRUMEL, 1er album Beaurivage – Sortie le 11 Octobre 2005

On ne pourra pas reprocher à David Grumel d’avoir pris son temps. Contrairement aux artistes forts en gueule qui font parler d’eux six mois avant de disparaître dans l’indifférence, lui ne considère pas la musique comme une rampe d’ascension vers le succès. Avant de penser à vivre de la musique, il a déjà voulu vivre avec elle, la connaître mieux, maîtriser la science des harmonies, l’art des arrangements. Cet apprentissage passionné, il l’a effectué dans son coin, discrètement, avec humilité. A lui, qui a connu sa première expérience de groupe à l’âge de 11 ans et n‘a jamais arrêté depuis de composer, il aura fallu presque deux décennies pour songer à Beaurivage. Et encore, des âmes bien intentionnées aux oreilles sûres ont dû lui souffler l’idée d’un album solo : rester dans l’ombre ne le dérangeait pas plus que cela. Sans le savoir, on a failli passer à côté d’un artiste, un vrai.

Si les onze morceaux de Beaurivage possèdent une pureté mélodique qui séduit l’oreille, c’est aussi parce que David nourrit un respect pour l’instrument, le beau jeu, la note juste. Le résultat d’une éducation musicale à la fois libre et rigoureuse puisque cet enfant de la pop a commencé sur un piano dès ses 6 ans en bûchant sur les partitions des grands compositeurs classiques. Mais son cœur a toujours d’avantage penché pour les chansons de Martin Gore (Depeche Mode) ou des Cocteau Twins. Et quand il laisse aller ses mains sur son piano, c’est inconsciemment un clin d’œil au Joe Jackson de “Steppin’ Out” qu’il adresse.

Depuis longtemps, David a recruté un ordinateur comme bras-droit. Cela ne signifie pas pour autant qu’il fasse “de l’electro”. Comme les gens de Air, il garde la main mise sur l’outil, le met à contribution uniquement pour se simplifier la vie, quand il a les mains trop occupées par ses claviers ou sa guitare. “Aucune machine ne remplacera un orgue Hammond B3 ou une section de cordes”, résume-t-il. David, chez lui sur les bords du lac d’Annecy, les avait déjà dessinés dans les moindres détails. Ces années solitaires d’écriture et de découverte, il en a goûté la tranquillité. Sa clandestinité parfois rageante, il l’a contournée en se lançant lui-même des défis. “ C’est comme si tu jouais ton temps au casino. Si tu perds au premier coup, tu n’as pas d’autre choix, ensuite, que d’augmenter la mise ”.

Même si David a surenchéri face à ses propres exigences, ses morceaux n’en possèdent pas moins, malgré leurs reliefs parfois bluffants, une évidence certaine, de la spontanéité. “Certains sont harmoniquement complexes, d’autres très simples.” Le rôle de Bardi Johannsson, l’islandais surdoué et très actif de Bang Gang et Lady & Bird qui a accepté d’être co-producteur et mixeur, fut crucial en mettant des couleurs chaudes sur les morceaux de Beaurivage et en perfectionnant la mise en forme de l’album dans son ensemble. Après son séjour dans le studio de Bardi à Reykjavík, tous les titres ont pris de l’ampleur qu‘ils se frottent à la soul (“Until The End Of The Time”), au jazz ou à la ‘trip-pop’ orchestrale. L’Islandais aux doigts d’or a en effet convié ses compatriotes : des membres de l’orchestre philharmonique, des bassistes, contrebassistes… des enlumineurs. Et le formidable batteur Brian Reitzell que l’on a entendu derrière Beck, Turin Brakes ou la BO de Lost In Translation. Pour “incarner” ses chansons, David voulait un temps collaborer avec des voix assez souples pour se glisser dans le costume en demi-ton de Beaurivage. Mais, à part l’excellent Brian Mc Partlin qui donne toute sa conviction à “Overground (1971)”, David n’a pas rencontré les bonnes personnes. Alors, il s’est résolu à vaincre sa timidité : il assure le chant et porte sur ses épaules les mélodies de quatre titres. Fragile et juste, sa performance s’impose elle aussi comme une évidence : qui d’autre, finalement, aurait pu habiller cet univers élégant construit de souvenirs, de fragrances inscrits dans son esprit ?

L’ouverture instrumentale qui coiffe l’album de son nom ou “Magnolias” (et son featuring de l’au-delà signé Billie Holiday) suggèrent une parenté avec le cinéma parce qu’à leurs origines il y a effectivement des images. L’intitulé Beaurivage renvoie ainsi à un joli secret, ce coin du lac qu’il affectionne avec son ponton et ses roseaux. Dans le décor de ce premier album, on trouve aussi, en arrière-fond, l’influence des paysages hors-saison. C’est à eux que David a emprunté la mélancolie naturelle et radieuse de Beaurivage. Et maintenant, il nous ouvre les portes de son domaine…

© 2005 naïve

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